Directive Emissions Industrielles, encore une appellation européenne pour le
grand public, mais le monde de l'élevage, lui, sait bien de quoi il retourne.
C'est simple, au Salon de l'agriculture il y a deux mois, il ne s'écoulait pas une
heure sans que j'en entende parler...
Mais qui, qui a eu la bonne idée de traiter un troupeau de 150 vaches, en plein air
l’essentiel de l’année, comme un édifice industriel, avec la charge administrative
qui en découle, mais sans le service qualité et RSE d’une entreprise pour gérer ?
Qui pense que c’est là que se trouve la solution aux problèmes d’attractivité du
métier d’éleveur ?
Ce mardi 25 avril la Commission de l'agriculture du Parlement européen a répondu "sans façon !" à cette vision qui peut être qualifiée de lunaire. Nous ne sommes pas des marchands de tapis. Nous n’avons ni le temps, ni l’envie de cautionner une négociation sur le chiffre magique au-delà duquel, à l’animal près, une exploitation agricole deviendrait une zone industrielle.
Depuis quelques mois j’ai mené le travail sur ce texte au nom de mon groupe RENEW EUROPE, et je continuerai de le faire pendant la suite du chemin législatif qui ne fait que commencer, avec quelques priorités :
- ne pas accepter que l'agriculture européenne soit qualifiée d'"industrielle" et
jugée comme telle
maintenir des seuils qui ciblent les quelques exploitations réellement à grande échelle, qui ont les moyens et le besoin de faire des progrès, même si tout est relatif quand on voit ce qui se fait ailleurs (et s’importe malheureusement encore ici...)
éviter de pousser à la concentration et à la spécialisation des élevages, car bizarrement c’est quand on multiplie les normes et les exigences qu’on s’éloigne le plus de l’élevage extensif et familial !
conserver une approche par espèce, car considérer qu’en additionnant des poulets et des cochons on obtient des vaches est tout simplement absurde, et à des années-lumière de la réalité de terrain.
Chercher à résoudre un problème sans regarder les autres, c’est prendre le risque
d’aggraver la situation... et in fine, d’apporter de l’eau au moulin de ceux qui
stigmatisent l’élevage et voudraient en fait le voir disparaître.
Ce n’est pas ma méthode.
Jérémy DECERLE