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Bien être animal: un enjeu éthique et économique

Le bien-être des animaux, et en particulier des animaux d’élevage, est une préoccupation sociétale croissante, nul ne peut l’ignorer. L’initiative citoyenne européenne « end the cage age » en est une expression récente au niveau européen, qui conduit le Parlement et les autres institutions à ajuster leur stratégie pour l’accompagnement de l’évolution des pratiques d’élevage. En France, les États Généraux de l’Alimentation, et la loi egalim qui en a découlé, ont été la dernière illustration majeure de cette préoccupation et de la manière dont elle peut être prise en compte sur le plan légal.

La responsabilité des élus, en particulier des législateurs, est bien en effet de prendre en compte ces attentes, mais de le faire de façon opérationnelle et réaliste. Il y a deux écueils à éviter à tout prix.

Le premier est celui d’une idéalisation du passé, de la survalorisation des pratiques d’élevage « traditionnelles », qui seraient forcément meilleures pour les animaux que les pratiques modernes, « industrialisées ». La réalité est plus nuancée. Beaucoup d’animaux d’élevage ou même de compagnie, n’étaient, jadis, pas heureux au sens des critères de bien-être aujourd’hui définis par les experts. Animaux à l’attache en permanence, conditions sanitaires et d’hygiène, modes de transport et d’abattages, personne ne voudrait en fait revenir cent ans en arrière sur tous ces plans. La recherche des meilleures pratiques doit donc prendre en compte ce qui a déjà changé et aborder l’avenir aussi sous l’angle de l’innovation.

Le deuxième écueil est celui d’une approche purement émotionnelle (et souvent voire de plus en plus anthropomorphique) du bien-être animal, qui mépriserait les besoins réels de chaque espèce, qui sont différents de ceux des humains et différents d’une espèce à l’autre. Le savoir en la matière ne cesse de s’enrichir, il se nourrit de l’expérience des éleveurs et des acteurs des filières, mais aussi bien sûr des travaux de recherche.

Les cadres législatifs européen et nationaux doivent d’abord éviter ces écueils. Mais au-delà, ils doivent penser les conditions de leur efficacité. Cela peut paraitre évident, mais il n’y aura pas d’amélioration continue du bien-être-animal sans une amélioration continue du bien-être de celles et ceux qui les élèvent et qui travaillent dans les secteurs concernés, aujourd’hui très souvent dans des conditions difficiles et mal rétribuées. Il n’y aura pas d’amélioration qui ne soit pas d’une façon ou d’une autre rémunérée, par le marché ou éventuellement par des soutiens publics. Il n’y aura pas d’amélioration qui n’implique pas les acteurs des filières, qui ne privilégie l’incitation et l’apprentissage collectif à la contrainte. Il n’y aura pas d’amélioration sans harmonisation des règles et de leur mise en œuvre à l’échelle de notre marché européen commun. Il n’y aura pas d’amélioration si nous ne donnons pas les moyens, aussi, d’éviter la substitution par des produits importations aux standards de production moins-disants depuis des zones de production qui ont fait de l’export international low-cost leur stratégie économique.

Tout cela a un prix. Le consommateur-citoyen le sait, lui qui est parfois - mais pas toujours - prêt à payer plus cher pour un produit dont l’étiquette annonce un niveau de bien-être supérieur, revendication elle-même parfois - mais pas toujours - fondée. Les labels en la matière sont sans doute une voie vertueuse, à condition qu’ils soient encadrés.

Le secteur de la production animale est prêt à relever le défi du bien-être, il a de fait déjà commencé à le faire depuis des années. Mais ce n’est pas son seul défi, il en a beaucoup d’autres, comme celui de l’alimentation en protéines aujourd’hui très dépendante des importations de soja. Il a besoin qu’on valorise ses efforts, il a besoin de bénéficier de la demande croissance en qualité et en diversité de l’alimentation. Il a besoin de tout sauf de la dénonciation et de la stigmatisation, qui sont toujours contreproductives.

https://www.trombinoscope.com/telechargement/Revues/260/R260.pdf

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